Pour changer un peu de mes habituels billets en prose, je publie ici l'un de mes nombreux poèmes. Ceux-ci sont produits spontanément afin d'être authentiques, inscrits dans l'émotion présente lors de leur rédaction. En règle générale, je ne prends jamais plus d'une heure pour en forger un. 18.07.12 09h46
Il y a ce cœur étendu sur les récifs,
Cet esprit jadis Ô combien combatif,
Les volutes de fumée qui disparaissent
Dans le sillage de ces vaines promesses,
L'envie d'arrêter le temps pour se laisser choir,
D'offrir au vent la poussière d'un dernier soir,
Aux aubes qui furent si nombreuses,
Céder la place aux ombres creuses,
Pour ne jamais plus croire aux mensonges
Qui foulent le sol de nos songes
Et donner à ronger nos coriaces angoisses
Au curé qui renia le Saint de sa paroisse ;
Il y a les souvenirs qui s'entrelacent
À s'en tordre les viscères et en perdre la face,
Le désarroi qui nourrit nos chimères,
Ce désir inavoué de prendre la mer
Pour s'en aller vers de nouveaux horizons,
Enlacer sa liberté quitte à noyer la raison
Sous des flots dont jaillit l'écume
Et qu'enfin se libère le génie de la plume,
Ces rires étouffés par des années sans lueur,
À crier gare aux spectres sans chaleur
Qui hantèrent les nuits d'un passé lointain,
Aux rêves oubliés à la lumière du matin ;
Il y a la vindicte d'une âme délaissée
Qui subit l'infamie d'une douleur percée
Au sein du calme refrain de ses croyances,
Arrachée sans préavis fut l'innocence,
Et les idoles auxquelles on prie
Pour cacher nos pensées impies,
Les délices d'un rêve improbable
Aux conséquences naguère invraisemblables,
Nous irons braver tous les défis
Pour chasser nos espoirs déconfits,
Faut-il pour vivre nier jusqu'aux émotions
Qui naissent à l'orée de nos déceptions ?
Aimons, aimons, aimons toujours,
Car il n'y a rien d'autre que l'amour
Pour nous sauver du purgatoire éternel
Face aux désillusions du réel ;
Donnons-nous la main sans plus attendre,
Avant que tout ne soit réduit en cendres,
Il est des choses qui ne se comprennent pas,
Alors suivons simplement nos pas,
Afin de nous retrouver une dernière fois
Lorsque sonnera l'heure des émois,
Gravissons les échelons et épousons les étoiles,
Pour qu'une fin meilleure à nous se dévoile.
Grégoire Barbey